De Lyon aux sources de la seine en hiver
440 KM à travers les monts du lyonnais, les monts enneigés du forez, le long de la loire et la traversée du morvan
« Ce vallon offre un aspect à la fois mélancolique et sauvage,, éloigné de toute habitation […]. C’est là que serpente, en murmurant comme un faible ruisseau, la Seine. » H. Baudot XIXè siècle
Depuis Lyon, fin février 2022, j’avais d’abord suivi le chemin de Montaigne qui s’en va jusqu’à Bordeaux.
Le chemin était ponctué de citations. La plupart arrivait à point nommé, et celle-ci, qui avait fait grand écho, je l‘avais apprise par cœur et me la répétais en marchant. Comme un mantra. Figurez-vous que de manière inédite parmi mes longues marches, pendant ces douze jours vers les sources de la Seine, je n’ai écouté ni musique ni podcast. De là à y voir un lien avec ce mantra tant répété en début d’aventure…
Dans la suite de la marche je quittai le chemin de Montaigne pour aller vers le nord. Je traversais les Monts du Forez. Je connus des temps extraordinaires de connexion avec ce qui m’entourait. Corps, émotions, éléments autour de mon corps, par moments, c’était comme si tout cela n’étaient plus distincts. Le Moi se poursuivait dans l‘air, dans les branches d’arbres et les lichens, dans les troncs et les mousses, dans les roches et la terre. L‘air, les branches d’arbres et les lichens, les troncs et les mousses, les roches et la terre continuaient à travers moi. Jamais je n’avais ressenti si intensément ce lien auparavant. Je m’étais débarrassée de couches.
À la sortie des Monts du Forez, je longeais la Loire, attrapant le GR3. Y croyez-vous ? En chemin vers les sources de la Seine, je longeais la Loire ! Dont j’avais d’ailleurs été aussi à la source dans ma marche de Lyon à Montpellier par la ligne de partage des eaux Atlantique / Méditerranée – dire que je me suis rendue compte il y a seulement quelques semaines que l‘eau avait été un lien commun à mes aventures. J’arrivais ensuite aux portes du Morvan, ce « petit Canada français », que j’attendais tant. Je me souviens du froid. En journée je marchais avec toutes mes couches de vêtements sur moi. Et je tremblais. Mon compagnon me rejoignit dans le Morvan l‘avant-veille de l‘arrivée. Ce fut dans la rencontre à l‘autre que se révéla la liberté que j’avais prises vis-à-vis des codes sociaux. J’étais cra-cra. Probablement malodorante. Et silencieuse comme un animal.
Les heures suivantes, je remettais ces couches sociales. Je m’apprêtais à quitter cette vie vagabonde et à repasser de l‘autre côté de la fenêtre.
Le soir de l‘arrivée, nous dormions au gîte des sources de la Seine. Dans cette grande bâtisse, le feu crépitait. La chaleur était brûlante. La douche fut fumante.
J’étais définitivement revenue de l‘autre côté de la fenêtre, pour cette fois.